هاجم النائب الفرنسي اليهودي مايير حبيب وزير السياحة التونسي روني الطرابلسي في رسالة مطولة رد فيها على دعوة الطرابلسي له بالإعتذار بعد تهجمه على تونس و الدعوة لمقاطعتها سياحيا إثر تصريحات رئيس الجمهورية قيس سعيد المعادية للكيان الصهيوني.
واعتبر مايير في رسالته المطولة التي نشرها بأن روني الطرابلسي لا يجرؤ حتى على كتابة لفظ إسرائيل خوفا على منصبه الوزاري،
مؤكدا ان وزير السياحة التونسي يهودي الديانة لا يعترف بدولة إسرائيل كما يقوم بخدمة الإسلاميين حسب قوله.
و هذا نص الرسالة بالفرنسية:
Monsieur le Ministre, J’ai lu la tribune que vous m’avez adressée. Un mot, un seul, reste introuvable : « Israël ». Vous n’osez l’écrire, vous ne pouvez pas l’écrire sans risquer votre poste. Quel sens peut dès lors avoir le reste de votre propos si vous passez à côté de l’essentiel ? En somme, vous êtes contraint de faire comme si l’Etat d’Israël n’existait pas et je crains que vous serviez de caution, à votre corps défendant, à un gouvernement islamiste, qui a érigé la haine d’Israël en politique d’Etat. Monsieur Trabelsi, vous êtes l’un des leaders de la communauté juive de Djerba, sans doute une des plus anciennes et des plus belles au monde. Ce n’est pas à vous que je vais apprendre l’attachement millénaire du peuple juif à la Terre d’Israël, et sa capitale Jérusalem, également appelée Sion. Jour après jour, année après année, son nom est rappelé à chaque fête de Pessah, à chaque mariage, chaque prière quotidienne. Et en même temps ! Vous souhaitez que les Français d’origine judéo-tunisienne continuent de se rendre massivement, comme si de rien n’était, dans votre pays qui boycotte et va jusqu’à nier l’existence de l’Etat d’Israël ? Ce n’est pas possible ! Je ne doute pas que certains continueront à venir mais je peux vous assurer, à la lecture des centaines de messages que je reçois de toutes parts ces derniers jours, que l’attachement à la Tunisie est immense mais pas inconditionnel. La déception est justement à la hauteur de cet attachement viscéral. Le plus surprenant est que les messages émanent de Juifs mais également de Musulmans, inquiets face à la dérive islamiste de leur pays. Peut-être votre tribune vous vaudra la bénédiction de ceux-là mêmes qui exigeaient il y a quelques semaines votre démission pour avoir évoqué la venue de pèlerins israéliens à la Ghriba ! J’aurais eu le mérite au moins de renforcer votre position quelque temps. Mais croyez-moi, ça ne sera pas long : la haine d’Israël qui obsède les dirigeants islamistes tunisiens n’est que le faux nez d’un profond antisémitisme. Vous citez le grand Président Habib Bourguiba, je citerai le Président de la République française : « l’antisionisme, quand il nie l’existence d’Israël, est un antisémitisme. » Je languis le temps où la Tunisie était synonyme de coexistence pacifique, d’éducation, de tolérance, modèle de droits des femmes dans le monde arabe et de douceur de vivre. Je le rappelais, il y a quelques années encore, en 2005, le Ministre des Affaires étrangères de l’Etat d’Israël Silvan Shalom, natif de Gabès, était accueilli avec fraternité sur le tarmac de Djerba, justement. Il m’avait demandé de l’accompagner. C’était mon premier voyage en Tunisie que ma famille a dû quitter bien avant ma naissance. Jamais je n’oublierai l’émotion qui tous nous a étreints. Mais que reste-t-il de cette dynamique de réconciliation quand votre Président Kaïs Saïed appelle la normalisation avec Israël « haute trahison ». Aveuglé par la haine, obsédé par Israël, il ne trouve rien de mieux que diligenter une « enquête » après la participation d’un jeune sportif franco-israélien de dix-sept ans à un tournoi de tennis…. Sans parler des attaques dirigées contre la grande championne de tennis Ons Jabeur. Son crime ? Avoir affronté une Israélienne, qu’elle a chaleureusement saluée après l’avoir battue… C’est lamentable quand dans le même temps des djihadistes tunisiens qui ont massacré, torturé, saccagé, violé en Syrie et en Iraq rentrent par centaines au pays sans être inquiétés… Hélas, cet antisémitisme n’est pas nouveau et le siècle passé a été jalonné de plusieurs pogroms en Tunisie sans parler de la Shoah, qui a frappé aussi – beaucoup l’oublient – les Juifs de Tunisie. Malgré un attachement viscéral à leur pays natal, combien ont dû fuir au lendemain de l’Indépendance – puis après la Guerre des Six jours – face aux menaces, brimades et spoliations massives. Cette plaie n’est pas cicatrisée. Je m’étonne du reste que certaines élites tunisiennes, si prolixes sur la « cause palestinienne », restent silencieuses sur ce terrible exode, qui a pratiquement effacé 2.500 ans de présence juive en Tunisie. N’en déplaise à certains, face à la haine, l’Etat d’Israël reste le certificat d’assurance-vie du peuple juif. Monsieur le Ministre, aujourd’hui hélas je n’ose rêver de normalisation mais le boycott d’Israël ne peut rester sans conséquence. La dhimmitude appartient à un passé à jamais révolu. Alors que l’Egypte et la Jordanie ont conclu des accords de paix, que l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn ou le Maroc se sont engagés sur la voie de la normalisation, la Tunisie s’enfonce dans la haine obsessionnelle et suit les traces de l’Iran. Tant que durera le boycott d’Israël, j’appelle tous mes compatriotes, juifs et non-juifs, d’origine tunisienne ou pas, à sanctionner cet antisémitisme d’Etat. Ne rien dire, c’est cautionner. Elu avec près de 90% des suffrages des Français d’Israël, parmi lesquels beaucoup d’origine tunisienne, je ne peux me taire ! La Tunisie reste très chère à mon cœur mais j’assume, persiste et signe : il faut boycotter les boycotteurs ! Et eux seulement. C’est à vous, Tunisiens, que vous soyez musulmans, juifs, chrétiens ou athées de refuser l’instrumentalisation systématique de la haine d’Israël, de la haine en général, comme ersatz politique. Si le pouvoir tunisien cesse de boycotter, je serai le premier à promouvoir cette destination, à commencer par le pèlerinage de la Ghriba. Une lueur d’espoir, certaines voix commencent à défier la chape de haine, à l’instar des leaders d’opinion arabes, notamment tunisiens, de l’Arab Council for Regional Integration que j’ai eu le plaisir d’accueillir hier soir à l’Assemblée nationale. Optimiste, je continue de croire, comme vous, qu’à terme l’amitié entre nos peuples triomphera. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments distingués